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mardi 26 janvier 2016

Crédit Mutuel, un éclatement inévitable. Le conflit à la loupe.


Copié/collé du site Le peuple breton.
http://lepeuplebreton.bzh/2016/01/26/credit-mutuel-le-conflit-a-la-loupe/
Un conflit a éclaté au sein de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel en France. Le groupe Crédit Mutuel Arkéa, dont le Crédit Mutuel de Bretagne fait partie, ne veut pas perdre son autonomie alors qu’il est aujourd’hui la banque la mieux implantée en Bretagne. Explications.
Trois groupes dans la confédération
La Confédération Nationale du Crédit Mutuel (CNCM) est composé de dix huit fédérations en France dont onze dans le groupe appelé CM11-CIC (Crédit Industriel et Commercial) basé à Strasbourg, trois dans le groupe CM Arkéa (Bretagne quatre départements, le Sud Ouest et le Massif Central) basé à Brest et quatre indépendantes mais qui, fonctionnellement, sont rattachées au CM11-CIC. Chaque fédération a son territoire d’intervention et est rattachée à la Caisse Centrale qui est l’outil financier de la Confédération et ne joue, actuellement, un rôle limité, voire inexistant. Une réforme a été proposée par le CM11-CIC et votée le 14 octobre 2015 pour faire adopter par la Confédération Nationale le statut de société coopérative à la place du statut associatif. Ensuite le nouvelle société absorberait le Caisse Centrale. Enfin, ce nouvel ensemble serait transformé en établissement de crédit. Ces évolutions, qui impliqueront le fin de CM Arkéa, seront soumises à l’approbation du Ministre des Finances et de la Banque Centrale Européenne notamment. Le CM Arkéa a contesté la réforme devant les tribunaux.
Refus de la centralisation : « L’autonomie ne se divise pas » selon J.P. Denis.
Le groupe CM Arkéa a refusé le projet à l’unanimité. 333 conseils d’administration des caisses locales sur 334 ont voté contre la réforme et un ne s’est pas prononcé. Il voit dans ce projet la volonté de créer un groupe bancaire centralisé qui sera sous la direction de fait du CM-CIC et dans lequel le CM Arkéa perdra son autonomie. Le discours de J.P. Denis, président du CM Arkéa, est clair sur ce point : « Notre combat pour l’autonomie n’est pas un combat auto-centré. C’est une façon de penser nos territoires, à l’opposé des vieilles traditions jacobines dont notre pays est si familier. » Les conséquences évidentes seraient un regroupement des centres de décision à Paris, des suppressions d’emplois dans les services centraux et dans les agences en concurrence avec celles du CM11-CIC. Le CM Arkéa, qui se définit aussi comme une banque territoriale, affirme que le financement des collectivités et des entreprises locales dépendrait alors du bon vouloir de Paris.
Si les tribunaux décident que la réforme est conforme à la loi le CM Arkéa quittera la CNCM. Il y aura deux groupes de Crédit Mutuel en France, autonomes, concurrents et chacun aura le statut d’organe central d’un établissement bancaire. Chacun pourra s’appeler « Crédit Mutuel » car ces mots ne constituent pas une marque mais une façon d’exercer une activité bancaire. Tous les établissements bancaires à caractère mutualiste peuvent donc retenir ces deux mots dans leur dénomination.
Une position particulière en Bretagne
Les clients du Crédit Mutuel sont des sociétaires-propriétaires. En ouvrant un compte, chacun d’eux achète au moins une part sociale qui lui permet de prendre les décisions dans les assemblées générales. Ils sont nombreux en Bretagne à avoir choisi ce statut de banque coopérative et mutualiste puisque, selon le Crédit Mutuel de Bretagne, un Breton sur deux, deux associations sur trois, un jeune agriculteur sur trois et deux entreprises sur trois ont ouvert un compte. C’est aujourd’hui la banque la mieux implantée en Bretagne. Les 1,6 million sociétaires emploient 5 800 personnes, soit les deux tiers des salariés du CM Arkéa. En Bretagne, comme dans l’agriculture et l’agroalimentaire, le mutualisme s’est fortement développé dans l’activité bancaire même si le vocabulaire ne justifie pas tout.
Le CMB se définit comme une banque territoriale qui veut être un partenaire solide des entreprises locales et qui a choisi d’implanter en région ses centres de décision. C’est la seule banque de cette dimension à avoir pris cette décision et à refuser la centralisation qui lui ôterait sa spécificité. Il n’a pas de filiales dans les paradis fiscaux pour faciliter l’évasion de capitaux. Il a aussi pour objectif de faciliter le développement des industries régionales et de maintenir leurs centres de décision en Bretagne.
Le CMB est la première banque qui a proposé des chéquiers en breton et est la seule aujourd’hui à les proposer sur tout son territoire. C’est aussi la seule banque qui utilise la langue bretonne dans les distributeurs automatiques de billets. Il est aussi membre fondateur de « Produit en Bretagne ». Aucune banque centralisée ne propose ces services. C’est la preuve d’un engagement pour la culture bretonne qui pourrait aussi être remis en cause en cas de fusion des caisses.
Ce conflit interne au Crédit Mutuel, et notamment ses conséquences en matière d’emplois en cas de centralisation, ne laisse pas les Bretons indifférents. Le CMB est leur création, la preuve de leur réussite collective dans un État très centralisé. Cela va donc bien au-delà d’un « soutien à une banque »…

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