(Extrait du "livre noir de la banque" de Gérard Faure-Kapper aux éditions Luthenay)
Responsabilité
du personnel des banques.
Et le personnel des
agences dans tout cela, quelle est sa responsabilité ? Les syndicats les
présentent toujours comme des victimes de la politique de leur direction. Ils
subissent et se taisent, ils appliquent à contrecœur des décisions qu’ils
savent abusives et injustes.
C’est difficile de
généraliser, mais néanmoins nous sommes assez loin de la réalité. Il est dans
la nature humaine de s’adapter. Le personnel des agences n’est pas exclu de ce
principe. Il s’adapte et même très bien. Il possède un pouvoir financier sur
ses clients et notamment les commerçants, artisans et petits entrepreneurs.
Ces employés ne sont
pas différents du reste de l’engeance humaine. Le pouvoir grise, on en use et en
abuse. Peut-être oublient-ils qu’ils sont eux-mêmes clients, que leur compte
est souvent à découvert mais ils bénéficient de ce qui peut être considéré
comme un avantage en nature, c'est-à-dire une tolérance corporative.
Les réponses que nous
avons obtenues des agences lors de l’opération du 15 février 2010 sont sans
équivoque. Les clients participants ne faisaient que demander d’accéder à leurs
informations, comme le prévoient les textes de la CNIL. Les réponses ont été
toutes les mêmes : « Comment osez-vous vouloir user de vos droits ?»
Le mépris du client
transparaissait au travers de chaque lettre. Et en représailles, combien de
cartes ont été bloquées, combien d’agence ont immédiatement retiré leur
concours. Beaucoup trop.
En aucun cas nous
n’avons eu de réponses des directions. Ceci nous confirme le rôle actif du
personnel, en tout cas sa solidarité active et bienveillante avec leurs sièges.
Une autre réaction, que
l’on peut dire générale, c’est : « si l’on ne peut plus prélever sur
les comptes, alors on refusera tout ce qui se présente. » C’est un
raisonnement très curieux qui est manifeste d’un chantage permanent sur les
citoyens.
Les syndicats de la
banque sont là pour protéger les employés. Ils pensent, peut-être à raison, que
le fait d’appliquer la loi sur le droit à la propriété incitera les banques à
réduire leurs frais de fonctionnement pour compenser d’éventuelles pertes.
La réponse est
simple : la banque serait un secteur qui a besoin de transgresser les lois
pour fonctionner ? C’est effectivement inquiétant mais en tout cas, ce ne
sont pas aux clients d’en faire les frais.
Il y a un aspect du
problème que nous nous refusons de négliger. Les nombreuses discussions
téléphoniques dévoilent des clients à bout. Ils travaillent, font des efforts,
ne sont pas dépensiers, économisent comme ils peuvent, mais sont à la merci de
leur banque.
Il est très dur de se
lever à cinq heures du matin pour aller traire les vaches, soigner les animaux,
s’occuper de sa ferme et de se coucher très tard après une journée harassante,
sans week-end et sans vacance. Mais quand vous voyez que le bénéfice de la
journée est aspiré par la banque qui, de fait, dirige votre vie et votre
argent, alors vous commencez à désespérer.
Et quand, suite à une
catastrophe sanitaire qui décime votre cheptel, ce même banquier vous refuse
tout soutien et met en œuvre les garanties hypothécaires pour récupérer, pour
une bouchée de pain, l’œuvre de votre vie, de celle de vos parents et de vos
grands-parents.
Et que cette banque
dépense des sommes folles en sponsoring pour soutenir des équipes de foot
fantôme, avec votre argent, comment voulez-vous réagir.
Faut-il que nous nous
taisions ou que nous vous fassions part d’une vérité gênante pour tous ?
Oui, la seule idée de ces victimes des banques est de briser les scellés de la
grange qui doit être saisie, d’accrocher une corde à la charpente, et de s’y
pendre.
Qui sera
responsable ? Les employés de l’agence ? Les administrateurs
bénévoles ? La direction régionale ? Tous sont responsables.
Nous le serions aussi si
nous nous taisions.
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