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samedi 7 avril 2012

On peut gruger Poste et Banque postale de l'intérieur, mais ça finit par se payer.



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On peut gruger Poste et Banque postale de l'intérieur, mais ça finit par se payer

samedi 07.04.2012, 05:01La Voix du Nord

|  UN DOSSIER DOULOUREUX |

C'est l'histoire pathétique d'un employé pris à la gorge par son endettement « catastrophique » autant que par les menaces répétées de suicide de la part de son épouse. ...
La notion de faute accomplie d'octobre 2008 à octobre 2010 envers la confiance que lui témoignaient son employeur et la clientèle n'est cependant pas absente de la conscience du prévenu. Jeudi, à 40 ans passés, il a eu des larmes dans les yeux et la voix pour décrire devant ses juges les façons dont il a détourné de l'argent qui ne lui appartenait pas, lorsqu'il travaillait dans les agences d'Arras, puis de Courrières.

Comptes en sommeil

Il est entré à La Poste, alors service public, en 1992. Et c'est en 2008, année de restructuration de l'entreprise, que ses ennuis commencent. On le fait passer du bureau de DRH à celui de guichetier, au contact de l'argent, mais sans être formé à ce nouveau métier, dira-t-il. Une première alarme s'était produite cette année-là chez cet homme confronté dans son enfance à la mort par suicide : celle de son père, celle d'une collègue de bureau l'année du basculement. Et l'attrait réitéré de son épouse pour une fin désespérée... Le guichetier n'a pas résisté à la tentation de prélever de petites sommes sur des comptes d'épargne de clients très âgés, voire plus que centenaires, voire décédés. « C'étaient des comptes inactifs depuis plus de cinq ans, expliqua le prévenu à la barre, dont je m'appropriais les intérêts. » Le président du tribunal, M.
Gastineau, l'a questionné sur son modus operandi. « J'ai fait des retraits allant de 17 à 500 E, des petits montants, sur des livrets de Caisse d'épargne sous forme papier, pas informatisés. » Le guichetier a cherché compte par compte sur une liste ceux qui étaient inactifs, en signant un des bordereaux, pas toujours celui du client. Le clé d'ouverture, c'est son identifiant, puisque le prévenu avait le grade et la qualification requis : 9 795 E ont été soustraits de cette manière. Il faut savoir que ce n'est qu'au bout de trente ans d'inaction d'un compte que la Poste est tenue d'en reverser le contenu à la CDC (Caisse des dépôts et consignations). Et l'action des héritiers, questionna le président.
L'avocat de la Poste et de la Banque postale l'éclaira. Elles conservent les sommes, n'ayant pas le droit de s'immiscer dans les comptes non mouvementés en-deça des trente ans. Les « colissimo » étaient une autre source de revenus pour le guichetier indélicat : là, il aura perçu 5 700 E en affranchissant à zéro 712 envois. C'est possible parce que le ticket client ne mentionne pas le prix de l'acheminement. Il n'en a reconnu que la moitié, citant la possibilité pour un chef d'établissement de récompenser ses bons clients par un affranchissement zéro. Troisième façon de détourner de l'argent : garder le prix des réexpéditions de courrier. Là encore le prévenu a contesté le montant du gain, chiffré par l'enquête interne de la Poste à 1 600 E . Déjà mis à pied pendant trois mois en 2008 pour avoir détourné 500 E sur le compte d'un seul client, il a malgré tout poursuivi ses vols.
« Mon ex-femme dépensait énormément. Je ne pouvais plus manger le midi ni mettre du carburant dans l'auto pour aller travailler » sanglotait-il. Le tribunal l'a reconnu coupable et condamné à dix mois de prison avec sursis. Il a recalculé les sommes à verser aux deux structures : 9 316 E à La Poste, 3 000 à la Banque postale. Plus 400 E à chacune des sociétés. L'homme veut repartir sur le bon pied, il passe bientôt un CAP de boucher. •
DANIELLE BÉCU

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